Circulaire de fin d’année 2020/2021
L‘année 2020 a apporté pour nous tous des bouleversements à bien des égards, également pour le Mémorial du camp de concentration de Neuengamme. Au début de l'année, le Mémorial et ses annexes ont été transformés en une fondation. Mais surtout, l'année a pris un cours différent de celui prévu en raison de la pandémie mondiale de coronavirus. Nous avons aussi dû trouver à brève échéance de nouvelles options pour commémorer ensemble le 75e anniversaire de la libération.
Au début de l'année, le Mémorial du camp de concentration de Neuengamme, dépendant de-puis 1999 du ministère de la culture de Hambourg, a été transformé en une Fondation des mé-moriaux et lieux didactiques à Hambourg en mémoire des victimes des crimes nazis, organisme autonome de droit public. Cette démarche a impliqué de nombreuses adaptations organisationnelles, la création des nouveaux organes - conseil de fondation, commission d'experts et comité consultatif - ainsi qu’une séparation plus stricte des budgets prévisionnels : le Mémorial est financé conjointement par la Ville libre et hanséatique de Hambourg et le gouvernement fédéral d'une part, tandis que les sites annexes Bullenhuser Damm, Fuhlsbüttel, Poppenbüttel et Hannoverscher Bahnhof sont financés exclusivement par la Ville-État d'autre part.
Pour le 75e anniversaire de la libération des détenus du camp de concentration de Neuengamme, nous avions élaboré un vaste programme et de grands événements commémoratifs, auxquels nous attendions quatorze survivants et 500 membres de familles touchées, venant en majorité de l’étranger. La pandémie mondiale de coronavirus ne cessant de s’amplifier, nous avons dû annuler ces cérémonies. Dans un cercle restreint comptant le premier bourg-mestre de Hambourg, la présidente du parlement, le ministre de la culture et quelques membres des asso-ciations de victimes, nous avons pu organiser une rencontre commémorative « intime ». La remémoration de cette année a été transposée dans l'espace virtuel : via des contributions vidéo sur un site internet multilingue, des survivants, proches et politiques ont exprimé ce que ce 75e anniversaire de la libération signifiait pour eux personnellement. Ils ont ainsi apporté des pers-pectives individuelles, qui ont permis de célébrer dignement cette journée décisive en dépit de toutes les restrictions (https://www.kz-gedenkstaette-neuengamme.de/75befreiung/).
L'inauguration également programmée en mai par plusieurs associations du Lieu de mémoire partagée (Ort der Verbundenheit), conçu par des étudiants de l'académie des beaux-arts de Hambourg, a finalement été célébrée en novembre. Nous nous réjouissons de l’importante participation de proches, qui commémorent au moyen d’une affiche les membres de leur famille dé-tenus au camp. Malgré l’absence de descendants originaires de nombreux pays en raison des nouvelles restrictions liées à la pandémie, nous avons pu honorer ce projet par une diffusion en direct de l’inauguration pour un cercle international (http://www.ort-der-verbundenheit.org).
Avec une cérémonie de pose de la première pierre en février, le centre de documentation denk.mal Hannoverscher Bahnhof (Mémorial gare de Hanovre) a franchi une nouvelle étape décisive vers son implantation au coeur de la HafenCity de Hambourg. Y seront présentées à partir de 2023 des informations sur la déportation depuis Hambourg et l'Allemagne du Nord de plus de 8000 Juifs, Romnjas et Roms, Sintize et Sinti. Une conférence internationale a été aussi con-sacrée à la question « Documenter et exposer les persécutions et déportations en Europe de 1938 à 1945 ». Un ouvrage complet afférent paraîtra au cours de l'année prochaine.
Une autre conférence tenue en octobre s’est penchée sur les « Victimes du nazisme après la libé-ration. Expérience de l'exclusion et nouveau départ ». Ce thème avait été traité dans l'exposition itinérante conçue annuellement par le Mémorial, en 2020 pour la première fois par la Fondation, destinée à l'Hôtel de Ville de Hambourg. Intitulée « Toujours en vie ! Et maintenant ? Victimes du nazisme à Hambourg après leur libération », elle a été présentée du 16 janvier au 9 février 2020 à l’occasion de la Journée de commémoration des victimes du national-socialisme. Le thème a été diffusé dans la ville à travers un vaste programme de manifestations.
Nous avons pu accueillir en novembre sous forme numérique le 6e Forum Avenir de la mémoire avec une large participation internationale. Il examinait précisément cette année les diverses formes de médiatisation de la mémoire du national-socialisme. Cette question ainsi que les potentialités et limites de la numérisation dans le travail mémoriel se trouvaient également au coeur de la réunion des mémoriaux et initiatives sur les sites des anciens kommandos du camp de Neuengamme.
En août a été entamé le projet d'exposition « Lieu de crime et de mémoire Riga » subventionné par le ministère fédéral des affaires étrangères, dont les résultats seront présentés en 2022/23 au public de Hambourg et d’autres villes d’Allemagne.
Nous avons pu réaliser plusieurs projets de publication au cours de l'année écoulée. Mentionnons à titre d’exemple l’ouvrage Ein aufgeschobenes Leben (Une vie différée) de la survivante tchèque des camps de concentration Edith „Dita“ Kraus, publié conjointement avec la fondation des mémoriaux de Basse-Saxe. Nous avons par ailleurs participé à l'élaboration de matériels pédagogiques sur le thème : Le camp de concentration de Neuengamme et la ville de Hambourg.
Nous vous informons ici d'une nouveauté dans nos activités de publication : la revue traitant l’histoire de la persécution nationale-socialiste en Allemagne du Nord a fourni pendant 25 ans une tribune sur les aspects régionaux de la persécution nazie. Dans le volume 19 (Crimes nazis et procès des Alliés), la rédaction a abandonné le focus sur l'Allemagne du Nord pour désormais s’ouvrir davantage à un espace géographique élargi et sur les aspects internationaux. Le premier volume de la nouvelle revue Beiträge zur Geschichte der nationalsozialistischen Verfolgung (Contributions à l'histoire de la persécution nationale-socialiste), publiée à l’avenir en coopération avec le groupe de travail Mémoriaux concentrationnaires en Allemagne, porte le titre « Entre persécution et ‘communauté raciale’. Enfance et jeunesse sous le national-socialisme ». Toutes les publications peuvent être achetées dans notre boutique en ligne.
Nous profitons de la période de restriction des visites de nos expositions imposée par la pandémie pour transférer un grand nombre de nos activités de transmission dans l'espace virtuel. Nous avons ainsi proposé des circuits via nos canaux de médias sociaux, mis en ligne des conférences et organisé notre chantier international d'été sous forme digitale. Le projet #Waswillstdutun (Que veux-tu faire) crée des espaces d'échange numérique autour de l'histoire familiale. Vous pouvez dorénavant entreprendre une visite virtuelle du Mémorial de Neuengamme sur http://www.kz-gedenkstaette-neuengamme.de/360tour. Mais nous avons fait aussi de nouvelles découvertes sous la forme analogue classique : notre service d’archives a réceptionné en été un registre de passeports datant de 1945, source unique sur l'histoire des survivants juifs de la Shoah.
Cette année encore, nous avons dû faire nos adieux à des personnes qui avaient survécu au camp de concentration de Neuengamme et étaient restées pendant de longues années en lien avec le Mémorial, notamment Mads Madsen (Danemark), Lucille Eichengreen (États-Unis), Gloria Hollander Lyon (États-Unis), Miloš Poljanšek (Slovénie), Yevgeny Malychin (Ukraine), Haim Liss (Israël), Jerzy Stoberski (Pologne). Nous éprouvons particulièrement la douleur de ne plus avoir été en mesure de célébrer avec eux cette importante date commémorative.
Nous vous souhaitons à tous et à toutes de traverser sains et saufs cette période difficile. Et nous espérons que l’année prochaine nous donnera à nouveau l'occasion de vous revoir dans le cadre de rencontres personnelles. Au nom de toute l’équipe, nous vous souhaitons une fin d'année sereine ainsi que santé et paix pour l’année 2021.
Prof. Dr. Detlef Garbe, Dr. Oliver von Wrochem